Le Christ s'est arrêté à Eboli
« Il me semblait être détaché de toute chose, de tout lieu, éloigné de toute détermination, perdu hors du temps, en un ailleurs infini. »
En 1935, Carlo Levi, opposant au régime fasciste, arrive à Gagliano « un après-midi d’août, dans une petite auto déglinguée ». Les mains liées, il est condamné au confino, à la résidence surveillée. Ce livre est le récit de cette année de « vie souterraine » dans les terres désolées de Lucanie. Abandonnés, méprisés, oubliés de la classe politique, les paysans ont cette expression : « Le Christ s’est arrêté à Eboli ». Récit poignant de cette misère, d’un monde oublié de tous. Balayées par la chaleur, par la maladie (la malaria règne partout), par la pauvreté, ces terres arides sont également riches des légendes des brigands du XIXe siècle, de superstitions, de sorcières et des esprits. Lecture passionnante dont on ne sort pas indemne. Un témoignage bouleversant, percutant, où Carlo Levi nous peint des pages d’une magnifique poésie : « Je tendais l’oreille à la nuit et il me semblait être entré, d’un coup, dans le cœur même du monde. Un bonheur immense, jamais éprouvé, était en moi, me remplissait tout entier, avec le sentiment fluide d’une plénitude infinie ».
Un chef-d’œuvre.
AMAURY – LIBRAIRIE GARIN
